SENATORIALES : BONJOUR GRIBOUILLE !

Publié le par touchepasamacommune

PhotoRH 

30 janvier 2012    

 

Que l’actuel président connaisse peu les ressorts de l’Etat qu’il est chargé de conduire est depuis longtemps avéré. Qu’il puisse être d’une rare maladresse politique l’était moins.  Il avait au contraire  la réputation d’une bête électorale, remarquable par son sens de la manœuvre et de la communication, de rester malgré tout un gagneur.

On peut en douter après  ce qui s’est passé aux dernières sénatoriales qui ont vu la Haute assemblée basculer à gauche.

Les spécialistes de la carte électorale  pourront certes incriminer telle ou telle diversion : dissident UMP ou candidat MODEM qui a fait perdre à l‘ancienne majorité un siège ici, un siège là. Cela arrive toujours. Il est toujours plus facile de dire : « J’ai été trahi »  que de dire « J’étais mauvais ».

L’essentiel n’est pas là. L’UMP est ses alliés auraient gardé la majorité au Sénat si la loi de réforme des collectivités territoriales  du 16 décembre 2010 n’avait jamais  été votée.

Rejetée par les maires, cette loi a alimenté ce que Raffarin a appelé une « bronca de la ruralité » dont le parti socialiste a un peu partout  profité.

Plus que le volet région/département de la loi,  qui ne concerne qu’un petit nombre d’élus, sa dimension communale a été au cœur de la campagne : affaiblissement de la commune face aux communautés de communes et d’agglomération dont les instances seront désormais élues au suffrage universel,  regroupement de ces mêmes communautés en grands ensembles plus ou moins artificiels, subversion projetée  des communes urbaines par les métropoles. C’est cette perspective a été massivement rejetée par les grands électeurs.

Qu’importe que ce projet n’ait été que  la continuation d’un processus engagé par la gauche, notamment par la loi Joxe de 1992 et procède, quant au fond, d’une idéologie de gauche : coopération plus ou moins forcée,  arasement des communautés naturelles enracinées dans l’histoire : les maires, ont voté mécaniquement pour l’opposition  afin de  marquer leur mécontentement. Comment auraient-ils pu réagir  autrement ? Le langage électoral est binaire. 

Effet d’autant plus remarquable que cette réforme, personne ne l’avait demandée, qu’ elle ne répondait à aucune nécessité et que,  loin de résoudre aucun problème, elle a mis le désordre partout.

Le gouvernement, représenté en l’espèce par  Alain Marleix, pourtant député du Cantal et donc plus que quiconque à même de porter  un regard  critique sur  ce que  trament  les bureaux parisiens, a suivi dans cette affaire avec une rare passivité  les propositions de la  technocratie. Une technocratie qui se nourrit depuis quarante ans du même mythe : la France est un pays archaïque parce qu’elle a 36 000 communes, il faut en réduire le nombre. Comme il  n’a pas osé le faire d’autorité, l’Etat a entrepris depuis vingt ans de les vider peu à peu, subrepticement,  de leur substance pour  les remplacer par quelques centaines d’entités artificielles. Ces  entités, la dernière loi en dresse le cadre : il s’agit des  « communes nouvelles », fusionnées, point d’arrivée  de communautés de communes de plus en plus intégrées. Par derrière, l’illusion  très parisienne que ces 36 000 communes coûtent cher,  alors que c’est précisément le contraire : plus une structure publique est concentrée, plus elle coûte par habitant, le morcellement communal, quoi qu’en pensent les esprits simplistes, est la forme d’administration territoriale la moins chère qui soit ; si cette réforme aboutit  un jour, elle ne pourra que générer des dépenses publiques supplémentaires.

Une réforme qui ne sert à rien, que personne ne demandait, qui n’a que des inconvénients  et  qui, cerise sur le gâteau, procède d’une idéologie de gauche : tout cela pour perdre les élections : bonjour  Gribouille !

 

Roland HUREAUX 

Publié dans Edito

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article